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La vérité sur le kinésiotape

Ces drôles de bandages autocollants sur les ischio-jambiers, les genoux ou les épaules, souvent rose ou bleu vifs... Vous les avez sans doute déjà vus à la télé ou dans votre club de sport. Nous parlons bien sûr du kinésiotape. Quand en a-t-on besoin et quel est son effet précis sur les muscles ? Nous avons interrogé Alexis Herremans, ostéopathe diplômé et kiné, qui l'utilise régulièrement.

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Depuis quand le kinésiotape est-il utilisé et où est-il né ? 

« Le kinésiotaping existe depuis longtemps dans des pays comme le Japon et la Corée du Sud, d'où il est originaire. Il a également fait son entrée en Belgique il y a une quinzaine d'années. Il est très fréquemment utilisé ces dernières années, principalement chez les sportif·ve·s. C'est un bon complément en soutien au traitement de kinésithérapie. »

À quoi cela sert-il exactement ? l'utilisez-vous souvent ?

« Je l'utilise généralement en complément pour mes traitements d'ostéopathie et de kinésithérapie. Principalement pour les élongations, les déchirures musculaires, les spasmes et les fortes concentrations de nœuds dans le tissu musculaire. Il s'agit donc souvent de blessures sportives ou de sportifs de haut niveau qui les appliquent à titre préventif parce que leur corps est soumis à rude épreuve. Mais le kinésiotape fonctionne également très bien pour favoriser la circulation lymphatique. Il permet par exemple d'éliminer plus rapidement le liquide dans la cheville en cas d'entorse. » 

 

Que fait-il précisément ?

« Le bandage exerce principalement un effet de contention ou d'extension par rapport à la peau. Le bandage « soulève » les couches de la peau, ce qui crée un espace sous-cutané et favorise ainsi la circulation dans les vaisseaux sanguins et lymphatiques. La pression diminue, car plus d'espace, c'est aussi moins de pression. Ce qui permet d'atténuer la douleur. Il est à nouveau possible de bouger mieux et plus rapidement, ce qui favorise le processus de guérison. C'est aussi ce qui le différencie d'un bandage ordinaire qui limite les mouvements, tandis que le kinésiotape favorise le mouvement. En plus de l'atténuation de la douleur, le kinésiotape se concentre aussi sur l'état de tension (tonus) d'un muscle. La direction dans laquelle le bandage est posé détermine si le muscle va se tendre (rétrécir) ou, au contraire, se détendre (s'allonger) ». 

 

On note ici ou là un certain scepticisme autour du fonctionnement du kinésiotape. peut-on parfois parler d'effet placebo ?

« Il y a toujours du scepticisme concernant n'importe quelle technique ou mode de traitement innovant. Tout doit reposer sur ce que l'on appelle la « evidence-based medicine », ce qui signifie que l'effet doit être prouvé scientifiquement. Je suppose que pas mal de recherches ont déjà été réalisées sur le kinésiotaping. On peut ainsi démontrer à l'aide de l'EMG (électromyographie, qui mesure l'activité électrique des muscles, ndlr) que le bandage a une influence sur le tonus du muscle. Mais dans la pratique, je constate surtout les résultats de mes méthodes de traitement. Si on apprend au patient à poser le kinésiotaping de la bonne manière pour son problème spécifique, c'est un très bon complément au traitement pratique du kiné ou de l'ostéopathe. Le patient peut ainsi poser lui-même le bandage à titre préventif ou curatif avant une certaine activité sportive. »

 

Tout le monde peut acheter du kinésiotape en magasin. est-il recommandé de le poser soi-même ? 

« Vous pouvez poser le bandage vous-même, mais il est important qu'une personne ayant suivi une formation dans ce domaine vous apprenne d'abord comment le faire. Il ne faut pas perdre de vue le but du bandage. Voulez-vous éliminer du liquide, détendre ou tendre des muscles, savez-vous où se trouvent la naissance et l'attache du muscle ? »

On voit de nombreuses marques et différents types de kinésiotape sur le marché. à quoi faut-il faire attention ? 

« La différence se situe souvent au niveau de l'élasticité et de l'adhésivité du bandage. Le bandage doit bien sûr adhérer, même lorsque l'on prend une douche ou lorsque l'on transpire pendant les activités sportives. Toutes les marques ne sont pas optimales sur ce point. »

Avez-vous quelques conseils supplémentaires à donner aux sportifs au sujet du kinésiotape ? 

« Si vous avez une blessure musculaire et qu'elle évolue lentement, essayez d'utiliser un kinésiotape en complément de votre traitement. »