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Comment préparer une course d'alpinisme ?

Tout ce qu’il peut faire, c’est se donner un maximum de chances pour réaliser le projet.

L’alpiniste le sait, avant de partir à l’assaut d’un sommet, il ne s’agit toujours que de faire une tentative d’ascension. La réussite d’une voie ne peut jamais être certaine, tant le nombre de paramètres à prendre en compte est élevé. Tout ce qu’il peut faire, c’est se donner un maximum de chances pour réaliser le projet.

Outre une préparation physique adéquate, outre l’utilisation du matériel adapté et en suffisance, préparer un plan de course précis et complet contribue déjà à la réussite de celle-ci. Rien de plus risqué (Surtout avec peu d’expérience) que de se lancer au hasard dans l’idée du « on verra bien ce qu’on trouvera »… Les conseils proposés ici plus bas s’adresseront aux personnes désireuses de réaliser par elles-mêmes une course d’alpinisme.

Comment s'y prendre ?

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1 Ère étape : le choix du sommet

Le choix du sommet (ou col, ou épaule,…) et le choix de la voie pour y accéder. Pour cela, pour vous aider dans cette étape, comme ressources, il y a :

• Les topos. Il faudra cependant être attentif à leur date d’édition. Les conditions en haute montagne changent fortement ces dernières années. Par exemple, certains passages en neige en été à certains endroits il y a 10 ans peuvent être devenus complètement secs maintenant…

• Les sites communautaires comme Camptocamp (https://www.camptocamp.org/) sont assez fiables et complets. Les informations que vous y trouverez seront à croiser avec celles trouvées dans les topos.

• Les « locaux » : un bureau des guides de haute montagne, un gardien de refuge, des habitués des lieux,… sont autant également des ressources intéressantes dans vos choix.

Dans tous les cas, il s’agira de mettre en regard votre propre niveau avec celui de la voie souhaitée. Laissez-vous toujours de la marge. Il n’est pas rare qu’une voie cotée PD s’avère, sur le terrain, plutôt être en AD, voire plus… Attention que dans les topos, les durées sont toujours indiquées dans les conditions suivantes : cordée de 2 grimpeurs à l’aise dans le niveau annoncé et dans des bonnes conditions de sol et de ciel. Plus il y a de grimpeurs, plus c’est lent…

2 Ème étape : le matériel

Définir le matériel technique dont vous aurez besoin. Prenez le matériel suffisant, mais ne prenez que le matériel nécessaire. Nous supposerons, ici, que vous êtes en mesure d’utiliser vous-même le matériel. Ne vous encombrez pas de matériel inutile (Et encore moins de matériel que vous n’avez jamais utilisé ou que vous ne savez pas utiliser). N’hésitez pas à vérifier également le matériel de votre compagnon de cordée, vous pourriez en dépendre…

3 Ème étape : l'approche et le retour

Préparer l’approche et le retour. Cette préparation est fondamentale. Dans cette étape, vous définirez si, oui ou non, vous dormirez en refuge (Gardé ? Non gardé ?) ou en bivouac, ou encore si vous ne ferez pas d’arrêt jusqu’au sommet depuis le point de départ jusqu’au retour. Si vous dormez en refuge, de préférence, et surtout en haute saison, n’oubliez pas de réserver (Puis de bien confirmer 2 ou 3 jours avant votre montée). Généralement, vous commencerez d’un point de départ situé en vallée (Un parking, un village,…). Et de là, bien souvent, vous serez sur des sentiers. Qu’à cela ne tienne, dès ce point de départ jusqu’au pied de la voie, de la partie « alpinisme », réalisez chez vous (Sans l’oublier) une feuille de route aller et retour.

Cette feuille de route reprendra différents points (A, B, C, D,… autant que possible). Chaque point, initialement judicieusement choisi sur une carte IGN (Altitude précise, croisement avec un ruisseau, butée sur une partie rocheuse, présence d’un refuge, un lacet bien marqué, … à vous d’être imaginatifs et observateurs sur la carte), devra être suivi des données suivantes :

• Altitude du point (Savoir lire une carte, savoir utiliser les courbes de niveau et un altimètre)~• Azimut vers le point suivant (Utile surtout si progression « hors sentiers », savoir utiliser une boussole)~• Distance horizontale jusqu’au prochain point (Utile surtout si progression « hors sentiers » et sur pente peu marquée)~• Durée estimée jusqu’au prochain point

L’idée étant de faire concorder ces 4 données les unes avec les autres lorsqu’on pense être arrivé sur le point suivant.

Les technologies modernes peuvent aussi être utiles. A condition d’être prévoyant au niveau des batteries, un GPS ou une application GPS (Maps.me, par exemple) avec la trace GPS préenregistrée sont très pratiques et simples à utiliser. Gain de temps assuré par rapport à la carte/boussole/altimètre/feuille de route… Si bien sûr, nous insistons, les batteries sont bien chargées…

Outre une heure de retour, fixez-vous une heure éventuelle de demi-tour (Quand le tracé le permet). Vous verrez vite si vous êtes hors des temps prévus. Rentrer tôt est un gage de sécurité. Prévoyez votre départ tôt également.

4 Ème étape : la météo

la veille météo et conditions de sol. Au moins 2 semaines avant les dates de course prévues, restez informés de l’évolution des conditions :

• Évolution des températures + les tendances annoncées : conséquences d’un redoux plus ou moins fort et long sur la neige et la glace.~• Zones d’accumulation de neige.~• Exposition des pentes aux vents + force des vents.

De nouveau, un petit coup de fil au refuge pour vous informer, un coup d’œil sur le bulletin météo affiché dans un bureau des guides… A croiser avec les informations trouvées sur les sites de météo. Vous mettrez toute votre attention sur les risques d’avalanches tout au long de votre itinéraire.

Voici, dans les grandes lignes, comment préparer votre course. Si vous ne savez pas comment faire, formez-vous. En une ou deux journées, vous serez capables de lire et utiliser carte et boussole… Vous pouvez même vous entraîner chez vous. Chemins, champs, forêts, rivières sont autant de possibilités pour affûter votre sens de l’orientation… N’attendez pas d’être en course pour vous tester…

Petit rappel : être autonome, c’est savoir jusqu’où on peut aller…

Comment préparer une course d'alpinisme ?

Pierre dewit

Ambassadeur Decathlon Belgique
Moniteur en alpinisme
Membre de l'Union Professionnelle des Métiers de la Montagne